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Peter Pan - Himiko
29 novembre 2008

Thank you...

ferre_1_

      Un jour, il y a deux ou trois ans, j'ai évoqué Ferré sur une page perdue de la toile. Une réponse m'a touché. La personne s'appelait Poussière et ses mots étaient les suivants :
      "Je me souviens de l'annonce de sa mort au journal télé du soir. J'avais 10 ans et j'étais en vacances dans un hôtel du sud.
      Ecran bavard auquel personne ne prête attention et puis soudain, images de cet homme échevelé qui crie, qui crache ses mots sur une scène. C'était la première fois que je le voyais et cette vision m'a fait un choc... Déjà, les adultes s'attroupaient autour de l'écran funèbre, "Quoi? Ferré est mort? C'est pas vrai?!.."
      Au milieu de cette marée humaine, je trouve la main de mon père.
      - Tu le connaissais, papa?.
      - Oui, c'était un grand poète. Très grand. Je te le ferai écouter un jour.
      Ferré, ce sont des mots et une voix, une diction qui ne laissent pas insensibles, qui ne peuvent laisser indifférents..."

      J'ai marché dans la nuit sans me lever de mon siège. Ma main se tendait vers le cendrier pour y déposer les cendres de mes cigarettes et les volutes de fumée s'élevaient vers toi qui regarde écrire tous ceux qui posent des mots sur le papier, vers toi qui regarde les vrais, ceux qui savent mais qui ne veulent pas faire partie des sages, ceux qui ont le bonheur pudique et le chagrin extrême : les anarchistes, ceux qui savent que l'on ne pourra plus changer le monde, ceux à qui les armes ne servent qu'à se souvenir qu'un jour le champ du possible a été accessible aux Hommes. Tu disais qu'avec le temps, tout s'en va mais la tristesse reste, la douleur est une plaie qui ne se panse qu'à coup de vie et de distraction. Je ne suis pas assez vieux pour savoir si l'amour s'en va avec le temps et peut-être qu'un jour, je repenserai à ce que tu disais, peut-être qu'un jour, je me dirai moi aussi qu'avec le temps on n'aime plus.
      
Je laisserai les fous croire en la révolution, je laisserai les utopistes penser que l'Homme est capable de se suffire à lui-même et je viendrai vers toi, lors du dernier instant, pour me remémorer encore un peu ce qu'est le temps, ce qu'est la vie, la pensée et les convictions. J'aime te regarder avec tes cheveux blancs cracher tes mots à la gueule du micro, j'aime ta bouche qui hurle tes haines et tes amours à la face du monde, j'aime tes yeux qui pleurent les convictions qui font ce que tu es, j'aime ta violence et ta douceur, j'aime ton désespoir et j'aime les fissures au fond de ton cœur que tu as colmatées le quatorze juillet.
      
Les volutes de fumée s'envolent vers toi et tu regardes le monde. Une seule lumière est allumée et je pense à Baudelaire, à Aragon, à tous ceux qui jadis ont embelli tes rêves, embelli ta voix. Je pense à tes mots, aux AnarchistesNi Dieu ni maitre – et au nageur dans son berceau. Je pense aux enfants qui t'ont découvert – comme moi – trop tard pour te connaître et je pense à ceux qui ont eu la chance insolente de pouvoir te parler, de pouvoir subir tes colères.
      
Parfois, j'écoute ta voix. Tes chansons. D'autres fois, je ne fais que lire tes textes. Souvent, je te regarde chanter et je te trouve beau. Je me demande aussi ce que tu ferais, aujourd'hui, si tu étais encore là. Je me demande comment tu réagirais aux inepties du monde, à la politique qui est toujours aussi dégueulasse horrible, une vaste fumisterie, encore plus qu'avant.
      
Voilà. Dors tranquillement. Je n'ai pas voulu te réveiller trop longtemps. Juste pour que tu saches mon admiration et la grandeur que tu incarnes encore aujourd'hui, dans ton éternelle immortalité.

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Commentaires
G
Quelle déclaration d'amour!<br /> Je ne pense pas qu'elle s'estompe avec le temps.<br /> ;)
P
Estelle L :<br /> Très beau texte en effet, rendant un bel hommage à Léo.
E
Au lieu de platement dire moi aussi toute mon admiration pour ce grand artiste, je voudrai simplement mettre cet émouvant texte de Louis Capart: <br /> <br /> Merci Léo d'être passé dans le ciel de la liberté <br /> Comme un soleil éclairant nos jeunes années <br /> Compagnon de Mélancolie, tu faisais rimer notre vie <br /> Avec le Vent, la Musique et la Nostalgie <br /> Et tu nous donnais Rendez-vous dans des cafés de vieux Marlous <br /> Où l'on chantait la Vie la Mort et l'Amour Fou. <br /> <br /> Merci Léo d'avoir ancré la Poésie dans nos Cités <br /> Comme un envol Ailleurs où l'on rêvait d'aller <br /> Mais aujourd'hui qu'on met en terre Rimbaud Verlaine et Baudelaire <br /> La poésie s'en va, Léo, et c'est Misère <br /> Qu'elle dérape dans la rue quand la Banlieue ne chante plus <br /> Ces Mal-Aimés qu'on avait de si près connus. <br /> <br /> Si un jour Il n'y a plus Rien <br /> Que la Mer qui va et qui vient <br /> Et du Bonheur à partager comme du Pain <br /> Nous n'aurons plus depuis longtemps <br /> Ni dieu Ni maître dans nos rangs <br /> Et ta Chanson sera plus forte Avec Le Temps. <br /> <br /> Merci Léo d'avoir soufflé les mots sur le feu des idées <br /> Petits soleils émergeant de l'obscurité <br /> Compagnons de la belle Histoire, nous rêvions sous le Drapeau Noir <br /> De ces chansons qui portaient nos complots d'Espoir <br /> De ta plume au fond de nos cœurs les mots suffisaient aux rêveurs <br /> On pouvait enfin croire aux lendemains meilleurs <br /> <br /> Merci Léo d'avoir semé des cailloux pour nous retrouver <br /> Dans les jardins où la vie est à inventer <br /> Mais aujourd'hui qu'on met en terre la Chanson et Apollinaire <br /> La Poésie s'en va, Léo, et c'est misère <br /> De la voir toujours exilée au fond des caves enfumées <br /> Parent lointain qu'on prétend avoir tant aimé. <br /> <br /> Si un jour Il n'y a plus Rien <br /> Que la Mer qui va et qui vient <br /> Et du Bonheur à partager comme du Vin <br /> Nous n'aurons plus depuis longtemps <br /> Ni dieu Ni maître dans nos rangs <br /> Et ta Chanson sera plus forte Avec Le Temps. <br /> <br /> Merci Léo d'avoir lancé les mots comme de gros pavés <br /> Dans la vitrine en Frime de la Société <br /> Compagnon de nos rêveries tu faisais rimer l'Anarchie <br /> Avec l'Espoir, La Solitude et nos Envies <br /> Et tu nous donnais Rendez-Vous la nuit tombée avec les loups <br /> Pour les beaux combats de Ceux qui restent debout. <br /> <br /> Merci Léo d'avoir donné tant de talent aux Variétés <br /> Qu'un Quatorze Juillet vaut bien un « jour Ferré » <br /> Mais aujourd'hui qu'on met en terre les Belles Idées Libertaires <br /> La Poésie s'en va Léo et c'est Misère <br /> De la voir ainsi méprisée aux marges des palais friqués <br /> Et des scènes d'état où l'art est étranger <br /> <br /> Si un jour Il n'y a plus Rien <br /> Que la Mer qui va et qui vient <br /> Et du Bonheur à partager entre Copains <br /> Nous n'aurons plus depuis longtemps <br /> Ni dieu Ni maître dans nos rangs <br /> Et ta Chanson sera plus forte Avec Le Temps.
P
Dame Mariane :<br /> Merci. <br /> Pour Facebook, de rien. Tu sais, j'y comprends rien à ce site et c'est juste histoire de dire. J'y vais jamais.<br /> Bisous
D
tu es toujours aussi inspiré<br /> voila longtemps que je n'étais plus venue par ici<br /> pardon pour l'absence et surtout merci davoir accepté ma "demande d'ami" sur facebook malgré tout<br /> des bisous
Peter Pan - Himiko
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