VIII - La tristesse
La vraie tristesse est la peur qui nous prend
Un soir d'hiver avant la fin des temps
Quand on sent que la mort balancera le berceau
De notre vie qui nous mène au tombeau
La peur du vide qui peuple l'estuaire
Dans les silences de l'excitante rivière
L'absence d'épaules pour y poser nos larmes
Juste avant de partir dans l'océan trop calme
La vraie tristesse peut être aussi l'union
D'un requiem avec l'accordéon
Comme un archet qui coule de l'encre blanche
Au fond des caves hors de leurs bienséances
La frustration que l'on vomi parfois
En écartant d'autres parois de soie
Pour oublier ce qu'est l'absence de cris
Le corps se perd dans la pornographie
La vraie tristesse est tous les jeux de mots
Démagogies au fond de nos cerveaux
Que l'on distille par des filtres en papier
Comme on oublie les graines du café
Anticonformisme remplace liberté
Au fond des siècles d'écrivains prisonniers
De leurs angoisses comme des bateaux à vents
D'une rive à l'autre sans suivre le courant
La vraie tristesse est le plaisir pour soi
Quand l'égoïsme nous refuse les bras
Des autres dont on oublie les odeurs
La peau des autres n'est plus qu'une lueur
Comme un cerveau transpercé par l'archer
Qui dit au corps qu'il est trop esseulé
Les plaisirs solitaires sont trop faciles
Quand le mat est un instrument docile
La vraie tristesse est l'absence d'une main
Pour retenir la force du destin
L'obscurité que traduisent les demains
Pour terminer dans l'Eden des jardins
L'absence d'une main pour conjurer la mort
Dans l'évidente fatalité des corps
Qui courent trop vite emportés par les vents
Pour terminer dans le grand océan