Misanthrope
J'aime pas qu'on m'emmerde. J'aime pas qu'on m'emmerde chez moi parce que je peux pas aller chier avec la porte ouverte, parce que je peux pas rester à poils pendant trois heures après m'être levé, parce que je veux pas qu'on me regarde de travers si je finis mon verre de Martini en me levant. J'aime rester seul. J'ai toujours envie d'être seul, tout seul, sans personne. Je devrais aller vivre sur le plateau du Larzac sans enculer aucune chèvre, ça c'est bon pour les militaires. Je déteste quand on me dit que je fume trop, que je bois trop. Je veux être seul. Je veux pouvoir glander sur Internet, écrire, jouer ce que je veux à la guitare, peindre, penser, téléphoner, fumer et encore fumer.
Je déteste de plus en plus être avec les autres. Je deviens misanthrope. Je préfère aspirer sur mes clopes sans enfumer tout le monde, je suis de plus en plus mal-à-l'aise avec des gens. Le truc, c'est que j'ai pas envie qu'on vienne me faire chier ! Je suis bien quand je suis tout seul. Et quand je vois tous ces mots d'amour autour de moi, tous ces gens qui se disent qu'ils ne se sentent bien qu'avec elle ou avec lui, qu'elle ou il lui manque... j'ai l'impression de regarder un conte de fées pour enfants dans lequel on nous ment à outrance. J'ai envie de leur gueuler que tout cela n'existe pas, que l'amour ne dure pas toute la vie et que c'est nul, que ça ne sert à rien, qu'on va tous finir par creuver et que je ne vois pas l'intérêt, même si moi je fais pareil... Mais peut-être que j'ai trop de respect. Alors je ferme ma gueule et je me dis qu'ils faut qu'ils vivent ça le plus longtemps possible et je les plains de tomber de haut d'ici quelques années.
Je déteste aussi quand on vient à l'improviste chez moi ; mais les potes ne le font plus parce que sinon je suis pas content. Je suis de plus en plus chiant, à envoyer se faire mettre n'importe qui si je ne suis pas d'accord avec ce qu'il dit, même si c'est une connerie. Je m'en fous de m'engueuler, je frite avec des mots si ça ne me plait pas et si je ne plais pas, que les autres aillent se faire mettre. Je veux être tout seul. J'ai pas besoin de parler : je suis assez grand pour penser sans avoir besoin des autres.